Les Caves de la Genevraie
et l'Ammonite

ROCHEMENIER, village troglodytique, Rupes Mainerii en 1238 et Terra de Roca Minorien 1532 est rattaché à la commune de Louresse en 1842.

 

Là ne se trouve pas d'escarpement, de coteau, où aient pu être creusées des demeures. Bien plutôt nous trouvons des carrières, qui ont été progressivement habitées, et surtout utilisées pour les dépendances de l'exploitation agricole. La "cour de cave", vocable habituel pour ces cours d'habitations troglodytiques est presque toujours absente des logis creusés à flanc de coteau sur la rive gauche de la Loire, faute de dégagement entre le coteau et le fleuve, et en raison aussi du fait que leur population de vignerons, mariniers, artisans, n'avaient pas besoin de dépendances très importantes. Par contre les cultivateurs de l'intérieur, non limités au point de vue de la place, avaient besoin d'espace pour les attelages, le battage des céréales, les volailles, etc. (Fraysse, Les troglodytes en Anjou à travers les âges, t. II, p. 39).

" Les cours de caves à Rochemenier ont la forme d'un cercle ou d'un quadrilatère régulier, autour duquel s'ordonnent les abris du matériel, du bétail, de la volaille, du pressoir, etc. Les unes sont communes a plusieurs habitations, les autres particulières à un seul foyer. On y accède par des pentes douces, permettant l'accès des charrettes. Le verger, la vigne, les champs, étaient naturellement en surface. Pour éviter de longs détours, d'autant plus que les chemins en surface étaient étroits, on a creusé de longs souterrains, larges de deux à trois mètres, hauts de trois à quatre mètres. Les demeures troglodytiques comportent habituellement une façade en maçonnerie ; parfois l'habitation n'est que semi-troglodytique, c'est-à-dire qu'elle comporte partie de murs et toiture classiques. Si aujourd'hui ces demeures souterraines sont très rares, le réseau des caves a, lui, subsisté, abandonné parfois, et plus souvent encore toujours utilisé pour les dépendances de l'exploitation.
Parmi ces dépendances on retiendra, comme caractéristique, l'aménagement de pressoirs que l'on retrouve dans presque toutes les exploitations. Quant au réseau des voies souterraines, on en suit parfois difficilement l'organisation : voies directes de communication avec les cours de caves voisines et, plus loin, les champs- et tout le sous-sol de Rochemenier est truffé de ces voies - tunnels discrets, voire cachés, pour servir de cachette, lors des visites des agents de la gabelle, au sel acheté des faux-sauniers, ou pour permettre une fuite en cas de guerres ou de troubles, comme ce fut le cas lors de la guerre de Cent Ans, des guerres de Religion, de la Révolution, larges salles soutenues par de gros piliers, ayant servi d'entrepôt ou, simplement, résultant d'une exploitation du falun ; une étude attentive en démêlerait sans doute un peu le sens, mais le réseau s'est trop diversifié au cours des âges, en raison de besoins différents, pour qu'on puisse l'expliquer aujourd'hui complètement". (Fraysse, op. cit., t. III, pp. 37-38).